Dans cette crise du Covid-19, nous avons voulu donner une info complémentaire au mainstream. À cet effet, notre Chronique #LeSaviezVous vous propose du contenu directement reçu des professionnels de terrain que l'on ne voit même plus. Dans cet article nous récoltons
le témoignage de l'ex-entrepreneur de
B.E.S.S Agency
Xavier Bessard.
Son témoignage édifiant donne écho à une société débordée par sa gestion hasardeuse des métiers méconnus et pris pour acquis par le public.
Voici son témoignage au 20 mars 2020, en pleine Pandémie:
Un métier mal nommé.
Voilà déjà plus de 50 ans que le terme "vigile" n'existe plus. Il s'agit uniquement d'une fonction, même d'un diminutif du terme vigilance. Malgré des formations diplômantes d'agent de sécurité "ADS" et Agent de sécurité incendie (Service de Sécurité Incendie Assistance a Personne ou "SSIAP"), nous sommes mal vus. Souvent considérés comme des meubles, voir pire (les donneurs d'ordres allant parfois eux-mêmes à l'encontre des fonctions des agents...) et sous payés à 9€80 net pour un ADS et 10€ net pour un SSIAP. Net car lesdits diplômes ne sont pas reconnu par le RNCP (Registre National des Compétences Professionnelles).
Un métier très risqué.
Nous prenons des risques, autant que la police ou les pompiers, sans avoir de primes de risques, sauf pour certains postes seulement tel que les Agents d'interventions nommés "Task Force" dans les grandes gares. Des conditions de travail tendues et aucun moyen de défense légal.
Nous sommes souvent insultés et rabaissés par ceux que nous protégeons, perçus comme des sous-fifres sans qualificatins, des "gens venus du bled" en qui ils n'ont aucunes confiance. C'est un travail extrêmement difficile de par les horaires (4h , 7h , 8h , 10h et 12h) et les conditions de travail (statiques tel les arrière caisses). La loi est rarement de notre côté, nous devons protéger, servir, orienter, secourir, soigner, faire preuve de rigueur, de fermeté et de discipline, et pourtant nous sommes souvent vu tel des mouchoirs en papiers jetables et interchangeables de sites en sites. Les clauses de mobilité que nous acceptons à notre insu (livrées avec le contrat lors de la signature) sont souvent difficiles à gérer (2h de trajet aller d'un ADS pour travailler 4h car il s'agit d'un "agent pauseur").
Reconnaissance professionnelle.
Une carte professionnelle a été mise en place pour une meilleure visibilité des différents ADS et pour une meilleure image du métier auprès de la population, toutefois elle n'est valide que pendant 5 ans pour l'ADS et 2 ans pour le SSIAP. Ceci requière un renouvellement continu sous peine de ne plus pouvoir travailler car la "carte pro" est vitale pour exercer pour celui qui veut travailler dans les métiers de la sécurité.
Situation pandémique actuelle.
Actuellement avec la contamination du Covid-19 aucun gants, aucun masques, aucun gels désinfectant n'est fourni aux Agents (du moins sur le site où je suis personnellement). Je suis un agent de sécurité et d'intervention, nous agissons en urgence sans avoir de mesures de protections alors que la base même de ce métier est la relation avec le public...
J'aime beaucoup non ÉNORMÉMENT mon métier mais plus les jours avancent et plus il est difficile de l'effectuer dans les meilleures conditions.