Après avoir investigué longuement auprès des Préposés aux bénéficiaires, nous avons réussi, tant bien que mal, à obtenir un témoignage sous couvert d'anonymat car ils subissent des pressions inimaginables au 21 siècles, ce qui selon nous est INACCEPTABLE. Nous espérons que le super Héros du Quebec répondra enfin à leur cri de souffrance comme il le fait depuis le début de cette crise sanitaire.
BON À SAVOIR:
Plusieurs ont lâché avant la pandémie...et il nous a envoyé son texte qui d’ailleurs s'est rendu à
Mr. Legault
Vous êtes des hypocrites Il aura fallu une pandémie mondiale pour vous faire réaliser que le personnel soignant est indispensable. Vous les appeler <<vos anges gardiens>> mais il y a à peine 3 semaines, vous les ignoriez. Il y a fort longtemps que vos anges demandent du soutien, de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires et un peu de compassion par moment. Vous n’avez pas été là pour eux. Maintenant vous flasher vos lumières à 8:30 le soir comme si tout le mal qu’ils et elles ont accumulé allait disparaître du jour au lendemain. Maintenant qu’ils se mettent à risque d’attraper la covid-19 en allant travailler vous reconnaissez qu’ils se mettent en danger. Quelle erreur. Ce n’est pas depuis la pandémie que le personnel se met en danger, c’est depuis le tout début de leur carrière. Si vous prenez le temps de regarder. Il y a une hausse de congés de maladie pour santé mentale depuis au moins 2017. Surcharge de travail, temps supplémentaire obligatoire, violence verbale dans le réseau à presque tous les jours. Il y a même eu cette année, le 22 Janvier 2020, à l’hôpital de Saint-Jérôme, une bagarre générale à l’urgence où huit employés ont dû intervenir et 4 ont été mis en arrêt de travail. Quand les employés ne sont pas en maladie, ils quittent tout simplement leur emploi pour aller voir ailleurs. Plusieurs d’entre vous disent : <<être préposé ou infirmière, c’est une vocation>> Diantre oui! Mais à quel prix ? Ramener du travail à la maison c’est une chose, ramener l’intégrité d’un patient en est un autre. Eux, la détresse psychologique, ils la vivent : en rentrant travailler, durant leurs heures de travail à cause d’une surcharge de patients, vers la fin du shift parce qu’ils ne savent pas s’ils devront (encore une fois) rester en temps supplémentaire obligatoire, puis en se remettant de leur journée parce qu’ils sont brûlés. On dirait que vous normalisez ce qu’ils vivent en utilisant le mot <<vocation>>. C’est révoltant de penser ça. Eux, la misère, ils la voyaient déjà à tous leur quart de travail. Vous, vous commencez à la voir. Vous êtes désormais en quarantaine, et eux ils sont au front. Leur santé physique et mentale est en jeu. Ils portent la santé des québécois et québécoises à bout de bras. Je vous demande donc de regarder ce qui se passe avec attention. Ils sont en négociations pour leur conventions collectives avec le gouvernement. Ils ne méritent pas seulement qu’on flash nos lumières, ils méritent notre soutien. Merci au personnel soignant, mais surtout merci d’avoir choisi de travailler dans ce domaine. Merci de prendre soins de nous, maintenant plus que jamais, c’est aussi à nous de prendre soins de vous!
Signé anonymement par l’ensemble de la profession.
J'ai écrit ce texte hier suite à l'application de l'arrêt ministériel. J'ai toujours cru que mettre en mots nos souffrances nous aidait dans notre cheminement. Nous sommes tous et toutes dans le même bateau en ce temps de crise alors je vous laisse mon texte ici, pour que d'autres puissent s'y retrouver. Je suis au CHSLD de Blainville. Je ne suis pas un ange gardien, encore moins une héroïne. Je suis une femme avec le mauvais métier... Les dernières semaines sont bouleversantes, pour vous, pour moi, pour le monde qui était le nôtre et qui sera à jamais changé. On se souviendra du avant, du pendant et je croise les doigts pour voir un après serein, où les valeurs de chacun, bouleversées par cet ouragan invisible, auront repris leurs juste place. Je ne suis pas un ange gardien, encore moins une héroïne, mais voilà que je me trouve bien malgré moi dans le nerf de la guerre... Vous trouvez le temps en confinement long et ennuyant... vous ne comprenez pas votre chance! Je n'ai pas l'opportunité de profiter de ce temps d'arrêt que la vie nous prête. Moi, comme tant d'autres, je rentre au travail la peur au ventre, l'angoisse au cœur. J'avais la chance de ne travailler qu'à temps partiel, je ne l'ai plus. L'employeur rappelle les troupes, qu'elles le veuillent ou non. L'heure n'est plus au choix, il est au combat... Je ne suis pas un ange gardien, encore moins une héroïne. Je ne suis pas non plus un soldat, et pourtant je suis au cœur de cette guerre. Elle se joue sur plusieurs fronts, je suis sur l'un d'eux. Je ne suis pas à l'hôpital à essayer de sauver ceux qui entrent malades. Je suis au chevet de nos aînés, en CHSLD. Si je suis habituellement sereine avec la mort, j'ai peur d'avoir à l'affronter cette fois-ci. Peur qu'elle fauche trop de vies d'un coups si les forces ennemies venaient à forcer nos remparts. Insidieux comme elle l'est, peut être a-t-elle déjà réussi à entrer... Je ne suis pas un ange gardien, encore moins une héroïne. J'ai seulement choisi le mauvais métier. Je fais partie de ce système de santé, déjà malade et déficient, qui doit maintenant se montrer fort et solidaire en affrontant un seul et même ennemi, invisible et terrifiant. Je vais me battre pour vous, malgré la peur et l'angoisse, car ma force est ma plus grande faiblesse, mon dévouement est sans fin. Pour mes patients, mes collègues, mes amis, ma famille. Je le fais et le ferai encore, quitte à m'oublier au passage. Ce ne sera pas la première fois, j'espère que ce sera la dernière... Je ne me vois pas comme un ange gardien, ni comme une héroïne, encore moins comme un soldat... Et pourtant, que je le veuille ou non, je suis un peu de tout ça à la fois...